"Comment les tiques peuvent-elles survivre en se nourrissant exclusivement de sang ? L’absence de vitamines B devrait être mortelle et pourtant…"
Par Olivier Duron, 07.06.2018
L’origine de la symbiose révélée par les génomes
"L’histoire ne s’arrête pourtant pas là. L’examen du génome des bactéries symbiotiques permet également de mieux comprendre comment cette symbiose est apparue et de remonter le temps jusqu’à son origine. La plupart des bactéries symbiotiques de tiques appartiennent à des genres bactériens bien connus des médecins et des vétérinaires : ces genres, Francisella ou encore Coxiella, contiennent des espèces particulièrement virulentes pour l’homme et les autres vertébrés.
Ces bactéries pathogènes sont responsables de maladies infectieuses parfois mortelles comme la tularémie et la fièvre Q. Les bactéries symbiotiques de tique trouvent très précisément leurs origines dans ces genres bactériens, mais durant l’évolution, si certaines lignées de Francisella et de Coxiella ont évolué vers la symbiose avec les tiques, d’autres ont évolué vers la virulence envers les vertébrés, dont l’homme.
Aujourd’hui ces deux grands types de lignée, symbiotique versus pathogène, ont bien divergé, tout en conservant plusieurs points communs. Le premier point réside en leur capacité à coloniser et à se multiplier dans les cellules de leurs hôtes – tiques dans un cas, homme et autres vertébrés dans l’autre.
Le deuxième point est la nécessité pour elles de synthétiser des vitamines B, bien que la finalité de cette production diffère profondément. Pour les bactéries symbiotiques, cette synthèse de vitamines B est la clé de leurs interactions mutualistes avec les tiques. Pour les bactéries pathogènes, cette synthèse est absolument nécessaire à leur multiplication, et à terme à leur virulence, envers les cellules humaines ou d’autres vertébrés. Un même mécanisme – la synthèse de vitamines B – a donc permis des évolutions radicalement différentes entre les lignées symbiotiques et pathogènes."
[Image] Evolution of mammalian pathogens and tick symbionts.: Mammalian pathogens could evolve from tick-associated bacteria by acquiring virulence genes (e.g., Coxiella burnetii). Conversely, evolution of tick endosymbionts from mammalian pathogens is associated with loss of virulence genes (e.g., FLE-Am).
[via] A Francisella-like endosymbiont in the Gulf Coast tick evolved from a mammalian pathogen | Download Scientific Diagram
https://www.researchgate.net/figure/Evolution-of-mammalian-pathogens-and-tick-symbionts-Mammalian-pathogens-could-evolve_fig3_308389711
Via Bernadette Cassel