En annonçant par surprise la « suspension sine die » de l'écotaxe, qui devait rapporter 250 millions d'euros aux finances publiques, Ségolène Royal a condamné l'entreprise franco-italienne chargée d'assurer la collecte. Un fiasco financier, diplomatique et social dont l'Etat aurait pu se passer.
Au printemps, le rapport de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur l'écotaxe le disait on ne peut plus clairement : « La suspension sine die de l'écotaxe constitue un risque juridique et financier majeur [...]. Le non-respect des engagements contraignants qui lient l'Etat n'est pas envisageable. » Cinq mois plus tard, voilà le gouvernement empêtré dans une affaire dont on n'a pas fini de parler, et qui risque de coûter très cher aux finances publiques. Car, en annonçant la semaine dernière l'abandon de l'écotaxe, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, n'a pas seulement enterré un dispositif qui devait rapporter 250 millions d'euros à l'Etat. Elle a aussi condamné Ecomouv', l'entreprise franco-italienne qui était chargée de recouvrer la fameuse taxe sur le transit des poids lourds. Détenu à 70 % par l'italien Autostrade, le gérant du réseau autoroutier transalpin, Ecomouv' compte également quatre actionnaires français minoritaires : Thales (11 % du capital), SNCF (10 %), SFR (6 %) et Steria (3 %). En vertu du contrat de partenariat public-privé signé il y a trois ans, c'est cette société qui a installé les portiques qui ont fleuri ces derniers mois sur les grands axes routiers. Et c'est elle qui devait se charger de la collecte du nouvel impôt écologique, laissant aux douaniers le contrôle et la sanction des éventuelles infractions.