Dans développement durable, "durable" porte paradoxalement la marque de son contraire, puisqu'il vise à optimiser l'exploitation des ressources d'un milieu non extensible, donc épuisables. Ce qualificatif reconnaît les limites du développement durable, qu'ont tendance à omettre ses adeptes, convaincus que réduire la demande en faisant preuve d'économie, en proscrivant tout gaspillage, en codifiant et réglementant les manières de consommer ; en restreignant ainsi tant la demande que l'offre, au nécessaire d'abord, puis au strict indispensable, peut garantir aux générations futures une qualité de vie satisfaisante. Mais à supposer que cela soit vrai, pour combien de temps ? ...
Le développement durable – ou responsable –, ne doit pas chercher dans ce qui précède des raisons de désarmer, bien au contraire. Que ce soit pour différer la fin d'une manière de vivre ou en préparer une nouvelle, il a toute son utilité. Les ressources de la planète et la possibilité de continuer à en vivre étant irrévocablement appelées à cesser un jour, le problème posé à l'homme se ramène en effet tout bonnement à inventer et mettre en œuvre les outils d'une prolongation aussi durable que possible.