(13521) Inoreader - Tourisme des espaces délaissés | (Macro)Tendances Tourisme & Travel | Scoop.it
Ce qui me paraît intéressant aussi actuellement, c'est que la popularisation de l'urbex amène des praticiens nouveaux dans cette discipline. Il y a une tendance assez marquée depuis quelques années à la mise en scène des explorations sur YouTube, avec des gens qui se filment et qui font des vidéos sensationnalistes, qui ne sont pas toujours de très bon goût et parfois pas très nuancées. Je pense à cet imaginaire du front pionnier de la conquête. Ils en font des tonnes : « Regardez, je vais explorer un truc dangereux » ; « Regardez, on a trouvé un fantôme, ou on a trouvé un semi-cadavre ». Je dis semi-cadavre, parce qu'en général, il n’y a pas du tout de cadavre. Cela me paraît intéressant parce que c'est à la fois une tendance qui est assez décriée par les puristes, et en même temps, quelque chose qui est assez intéressant pour saisir ces imaginaires de front pionnier, de conquête, d'exploration et de mise en scène de soi. Il y a une mise en scène des lieux, mais qui sert in fine à une mise en scène de soi comme quelqu'un de « badasse », qui ose explorer des lieux que tout le monde n'aurait pas le cran d'aller explorer. Sur cette question des imaginaires, je pense qu'il y a beaucoup de choses qui sont liées à la fois à la dimension de conquête et de réappropriation des lieux qui ont été abandonnés par le reste de la société, et à d’autres dimensions qui tiennent beaucoup plus au rapport au passé, à la mémoire des lieux, à ce qui s'y est joué ou non. Ce sont des imaginaires qui font des lieux des incarnations du temps qui passe et de la finitude de telle ou telle société, tel ou tel système, voire plus généralement de la finitude de la condition humaine d'une certaine façon.