Bernard Jouan, l’un des fondateurs de l’équipe de recherche sur la pomme de terre, aime rappeler que la diffusion de ces tubercules par Parmentier en Europe à partir de la fin du XVIIIe siècle a permis de mettre un terme aux famines. Appréciée partout dans le monde, coutumière de menus de fête comme des repas modestes, la pomme de terre l’est aussi par de nombreux agresseurs : les virus, le doryphore, les nématodes - petits vers du sol dont les kystes dotés de dix ans de survie sont des bombes à retardement, et les bactéries qui affectent la conservation et la présentation des tubercules… Son ennemi numéro 1 au niveau mondial reste cependant le mildiou. Pour le maîtriser, entre 12 à 22 traitements fongicides sont pratiqués sur les cultures chaque année. Lors de son arrivée en Europe, en 1845, ce parasite a éradiqué du continent les variétés sensibles de l’époque en l’espace de deux ans. La famine qui s’en est suivi en Irlande a déclenché une vague d’immigration vers les États-Unis. Aujourd’hui, l’excellente qualité sanitaire des plants français repose en partie sur les 1 million et demi de tests immunochimiques réalisés chaque année pour écarter les plantes contaminées par des virus ou bactéries, issus de travaux innovants de l’équipe « Pomme de terre » dans les années 80. La stratégie gagnante développée ensuite par cette équipe pour contrôler durablement mildiou et nématodes passe par la génétique, afin de créer des pommes de terre résistantes. Ces travaux s’appuient également sur une connaissance fine de la virulence des parasites, de leurs capacités d’adaptation et de l’évolution de leurs populations.
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