L’œuvre d’Arendt, édifiée sur les ruines des grandes traditions politiques modernes, est éclectique et semble inassignable. Sa seule constante : un effort infatigable pour redonner son sens à l’action politique, pour repêcher ce « trésor perdu des révolutions » que les États modernes ont englouti.
Bonheur public : « [Dans le mouvement étudiant,] le jeu politique a pris une dimension nouvelle : l’action s’avérait avoir un côté plaisant. Cette génération découvrait ce que le XVIIIe siècle avait appelé le bonheur public, c’est-à-dire que participer à la vie publique donne accès à une dimension de l’expérience humaine qui, sinon, demeurerait inconnue, et que cette expérience est en quelque sorte inséparable du bonheur complet. » (« Politique et révolution », entretien avec Aldebert Reif pour la New York Review of Books, 12 avril 1971)